Un message précieux pour toi à l’occasion de la fête des mères !

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A l’occasion de la fête des mères qui se célèbre chaque dernier dimanche du mois de mai au Cameroun, je partage avec toi cet extrait de Ville Cruelle, roman de MONGO BETI. Certaines personnes ont connu ce texte à l’école primaire et le reconnaitrons probablement. Il s’agit là d’un vibrant et profond hommage rendu à toutes les mamans dans le monde !

EZA BOTO, Ville Cruelle (extrait)

« Vois-tu, lui confia-t-il un peu comme à regret, ma mère pour moi, c´est… Oh ! À quoi bon, tu ne comprendras jamais. (…)

J´aime ma mère, Aie ! Je l´aime comme tu ne peux pas savoir. As-tu jamais aimé quelqu´un, toi ?

A la mort de mon père, j´étais âgé de quelques années seulement. Ma mère entreprit donc de m´élever. Elle y a apporté une sollicitude extrême. Elle a fait tout, m´entends-tu ? Tout ce qu´elle croyait devoir faire pour mon bien. Elle me gavait de nourriture, de bonne nourriture.

Elle m´administrait un lavement toutes les semaines. Chaque soir, elle me plongeait dans une énorme marmite pleine d’eau tiède et me frottait longuement tout le corps. Trois fois par semaine, elle m´envoyait écouter les leçons du catéchiste… J´étais mieux habillé que les gosses de mon âge qui avaient leur père. Nous dormions sur des lits de bambou des deux côtés du feu que ma mère ne cessait d´attiser la nuit tandis qu´elle me racontait des fables ou me parlait de mon père, de son enfance à elle, du pays où elle était née, de ma grand-mère morte peu avant ma naissance…

Certaines nuits, nous entendions hululer un hibou ou hurler un chimpanzé. Je me faisais tout petit dans mon lit et ma mère en riant me disait : “ N´aie donc pas peur, fils ; il ne viendra tout de même pas te chercher là, devant moi…”

D´autres nuits, la pluie crépitait sur le toit , tandis que de violentes rafales balayaient la cour, agitaient les arbres là-bas derrière le village ; alors , ma mère me disait: “ Mon Dieu! Écoute les mangues tomber. Un qui va être content demain, c’est toi. Pas vrai?..!

Oh ! Elle me corrigeait souvent et sans ménagement. Mais le souvenir même de ces punitions me la rend encore plus chère.

Tout ce qu´elle a fait pour moi, je ne l´ai deviné que ce jour où j´ai souffert pour la première fois de ma vie : ma mère était allée m´inscrire à l´école de la ville.(…) »

© EZA BOTO, Ville Cruelle (p.10-11) Présence Africaine.

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